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Un projet de loi aux dépens des victimes d’abus policiers

Article du journal Le devoir: « Un projet de loi aux dépens des victimes d’abus policiers. »

« Dans le cadre de l’écriture de cet article, plusieurs membres impliqués de MAJ, dont M. Hadj Zitouni, porte-parole, ont été interrogés. Ainsi, nous vous invitons à prendre connaissance de la position du MAJ au sujet du projet de loi 14. »

Image obtenue Ă  partir de l’article susmentionnĂ©.

Jacques Nadeau archives Le Devoir Un projet de loi visant Ă  rĂ©former la Loi sur la police ne permettra plus Ă  des tiers d’adopter le statut de plaignant.

CrĂ©dits d’article au journal Le devoir : https://www.ledevoir.com/societe/796621/abus-policiers-un-projet-de-loi-aux-depens-des-victimes-d-abus-policiers

Bien que les plaintes dĂ©posĂ©es par des tiers au nom de victimes ne reprĂ©sentent qu’un petit pourcentage des dossiers traitĂ©s par le Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière, ces plaintes donnent le plus souvent lieu Ă  des sanctions. Pourtant, le projet de loi visant Ă  rĂ©former la Loi sur la police ne permettra plus Ă  ces tiers d’adopter le statut de plaignant. Plusieurs organismes ainsi que QuĂ©bec solidaire craignent que ce changement n’empĂŞche des policiers dĂ©linquants de faire face au ComitĂ© en dĂ©ontologie.

Par exemple, sans l’aide d’un citoyen inconnu, les agents impliqués dans la mort de David Tshiteya Kalubi, décédé en détention à la Cour municipale à Montréal, en 2017, n’auraient jamais été condamnés.

Ce fut une surprise, mais surtout un soulagement pour la mère de M. Kalubi, Mbombo Tshiteya, lorsqu’elle a reçu l’appel d’Alexandre Popovic, de la Coalition contre la rĂ©pression et les abus policiers (CRAP), pour lui annoncer qu’il avait lui-mĂŞme dĂ©posĂ© une plainte dĂ©ontologique contre les policiers impliquĂ©s dans le dĂ©cès de son fils. Alexandre Popovic figure d’ailleurs parmi les plaignants les plus prolifiques du système de dĂ©ontologie policière au QuĂ©bec.

« Je me suis dit : “Enfin, il y a quelqu’un qui nous a entendus pendant qu’on hurlait, qu’on ruminait intĂ©rieurement et qu’on Ă©tait broyĂ©s par la tristesse qu’on ressentait. Il y a des gens qui ont compris ça !” Â» s’exclame Mme Tshiteya, en entrevue avec Le Devoir.

Les agents ont Ă©tĂ© condamnĂ©s le 31 janvier dernier par le ComitĂ© de dĂ©ontologie policière, qui les a reconnus coupables « de nĂ©gligence et d’insouciance Ă  l’égard de la santĂ© et la sĂ©curitĂ© de monsieur Kalubi Â», ainsi que d’avoir « prĂ©sentĂ© une dĂ©claration qu’ils savaient fausse et inexacte au BEI [Bureau des enquĂŞtes indĂ©pendantes], qui tentait d’éclaircir les circonstances du dĂ©cès de monsieur Kalubi Ă  la suite de leur intervention Ă  son endroit Â».

Le jeune homme de 23 ans a en effet Ă©tĂ© retrouvĂ© sans vie dans sa cellule le matin du 8 novembre 2017 après une attaque cardiaque. Bien qu’il eĂ»t indiquĂ© qu’il souffrait d’anĂ©mie falciforme et qu’il avait besoin de ses mĂ©dicaments, cela n’a jamais Ă©tĂ© notĂ© par les policiers dans son formulaire d’admission destinĂ© Ă  la cour, a reconnu le comitĂ© dans sa dĂ©cision.

« Ă‡a, c’était Ă©mouvant pour moi. On avait la rĂ©ponse : ils sont coupables Â», soupire Mme Tshiteya.

Vers un nouveau système de signalements

Les modifications proposĂ©es par le projet de loi 14, dĂ©posĂ© en mars par le ministre de la SĂ©curitĂ© publique, François Bonnardel, seront Ă  l’étude l’automne prochain. Ces changements empĂŞcheront notamment des plaignants tiers comme Alexandre Popovic de porter plainte au nom de ceux qui meurent Ă  la suite d’une intervention policière. Seuls les victimes ou les tĂ©moins directs d’une intervention seraient dĂ©sormais en mesure de dĂ©poser une plainte. M. Popovic craint que ce changement ne fasse que rĂ©duire la possibilitĂ© pour des familles de victimes comme M. Kalubi d’obtenir justice.

Le projet de loi prévoit que les personnes effectuant un signalement au nom d’un tiers ne bénéficieront plus des privilèges accordés aux plaignants, comme le droit d’ordonner une révision d’une décision, d’être informés de la raison pour laquelle leur demande d’enquête a été rejetée, ainsi que le droit de suivre le déroulement d’une enquête.

M. Popovic prend le statut de plaignant tiers depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es et a souvent demandĂ© la rĂ©vision des dĂ©cisions rendues par le Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière.

« C’est une chose de dĂ©crĂ©ter une enquĂŞte, mais c’est une autre chose de faire une enquĂŞte complète Â», dit-il. « Moi, je veux voir si l’enquĂŞte a Ă©tĂ© faite correctement. […] La confiance, ça rime avec la transparence Â», lance M. Popovic.

Il estime en effet que les quatre policiers impliqués dans la mort de Koray Kevin Celik, en 2017, n’auraient jamais été cités à comparaître devant le comité de déontologie pour usage excessif de la force. Après avoir mené une enquête, le Commissaire à la déontologie policière n’a pas recommandé que des accusations soient déposées.

« Si le projet de loi 14 avait Ă©tĂ© en vigueur Ă  ce moment-lĂ , je n’aurais pas pu demander au ComitĂ© de dĂ©ontologie policière de faire la rĂ©vision de cette dĂ©cision Â», explique Alexandre Popovic.

« Ils n’ont pas parlĂ© avec les parents qui ont Ă©tĂ© tĂ©moins Â», ajoute-t-il, en notant que l’enquĂŞte a seulement citĂ© les dĂ©clarations des enquĂŞteurs policiers et du BEI. Il attend avec impatience le verdict du comitĂ©.

Le cabinet du ministre Bonnardel a fait savoir par courriel au Devoir que le projet de loi vise Ă  rĂ©duire les dĂ©lais, pour que davantage de causes soient entendues.

« Toute personne qui souhaite porter Ă  l’attention de la commissaire un comportement rĂ©prĂ©hensible d’un policier pourra le faire, a Ă©crit Geneviève Tremblay, conseillère au cabinet du ministre. Toutefois, nous proposons de donner un privilège exclusivement Ă  ceux qui sont directement impliquĂ©s dans une situation afin qu’une enquĂŞte soit effectuĂ©e systĂ©matiquement. Â»

Le Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière n’a pas souhaitĂ© accorder d’entrevue au Devoir au sujet du projet de loi, prĂ©fĂ©rant attendre son adoption. Cependant, en avril dernier, la commissaire, MĂ©lanie Hillinger, a saluĂ© en commission parlementaire le nouveau système de signalement proposĂ© par le ministre Bonnardel, tout en notant qu’il fallait des ressources additionnelles pour assurer l’implantation des rĂ©formes.

« Une plainte dĂ©posĂ©e par un plaignant ou un signalement fait par un signalant seraient traitĂ©s avec la mĂŞme rigueur Â», a tout de mĂŞme tenu Ă  souligner par courriel Me Michelle-Audrey Avoine, porte-parole du Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière. Elle prĂ©cise que les plaignants directs auront encore le droit d’être accompagnĂ©s par des organismes communautaires dans la rĂ©daction et le dĂ©pĂ´t de leurs plaintes, ainsi que durant les sĂ©ances de conciliation.

L’Association des directeurs de police du QuĂ©bec (ADPQ) est elle aussi favorable Ă  un système de signalements. « Le Commissaire peut dĂ©clencher une enquĂŞte Â», souligne le directeur gĂ©nĂ©ral de l’association, Didier Deramond.

Pourcentage qui porte ses fruits

En 2020, dans le cadre des consultations organisĂ©es par le gouvernement pour une rĂ©forme majeure du système policier, le Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière a dĂ©posĂ© un mĂ©moire dans lequel il indique qu’un plaignant tiers (qui n’a pas Ă©tĂ© identifiĂ©) a dĂ©posĂ© 261 plaintes entre 2015 et 2020. « 48 % [des plaintes formulĂ©es par cette personne] ont fait l’objet d’une enquĂŞte, et plus d’un tiers de ces enquĂŞtes menĂ©es se sont conclues par le dĂ©pĂ´t de citations devant le ComitĂ©, le Commissaire estimant avoir une preuve suffisante pour permettre d’établir un ou des manquements dĂ©ontologiques Â», indique-t-il.

Selon une Ă©tude menĂ©e par le DĂ©partement de criminologie de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al en 2021, alors que les dossiers portĂ©s par des plaignants tiers ne reprĂ©sentaient que 3,2 % de l’ensemble des dossiers dĂ©posĂ©s en dĂ©ontologie policière entre 2015 et 2020, ils reprĂ©sentaient 27,3 % des dossiers ayant menĂ© Ă  une citation devant le ComitĂ© de dĂ©ontologie policière. De plus, 44,4 % des dossiers qui ont entraĂ®nĂ© une sanction pour le policier impliquĂ© dans l’évĂ©nement ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s par un plaignant tiers.

Selon la mĂŞme Ă©tude, ce sont souvent des proches qui portent plainte : 209 QuĂ©bĂ©cois ont ainsi dĂ©posĂ© une plainte sans avoir Ă©tĂ© tĂ©moins de l’intervention. Alexandre Popovic estime que l’impossibilitĂ© pour des tiers de porter plainte en dĂ©ontologie va « favoriser une plus grande impunitĂ© policière au QuĂ©bec Â».

Le responsable de la clinique juridique Mouvement action justice, Hadj Zitouni, craint quant Ă  lui que certains citoyens dĂ©cident de ne plus porter plainte si le projet de loi est adoptĂ©. M. Zitouni reprĂ©sente souvent des victimes d’abus policiers qui ne souhaitent pas adopter le statut de plaignant.

« Quelqu’un qui est traumatisĂ©, il ne peut pas porter plainte Â», fait-il valoir, prĂ©cisant que les personnes qui se prĂ©sentent Ă  son bureau manquent d’expertise, ont peur des reprĂ©sailles ou ne sont simplement pas dans un Ă©tat pour dĂ©fendre leurs droits.

« Ce ne sont pas toutes les victimes qui peuvent le faire, ajoute M. Zitouni. Parce qu’il y a des itinĂ©rants, et des personnes qui meurent entre les mains du policier, puis qui ne portent pas plainte. Ou qui n’ont pas de famille. Qui va le faire Ă  sa place, qui va [porter plainte] ? Â»

De son cĂ´tĂ©, QuĂ©bec solidaire se dit prĂŞt Ă  se battre pour que le projet de loi soit amendĂ©. « Il faut conserver le système actuel afin de s’assurer que les familles et proches des victimes dĂ©cĂ©dĂ©es peuvent maintenir leurs recours Ă  porter plainte Â», implore le dĂ©putĂ© solidaire AndrĂ©s Fontecilla, porte-parole en matière de sĂ©curitĂ© publique.

« S’il existe un ComitĂ© de dĂ©ontologie policière, c’est justement pour permettre de consolider la confiance de la population envers les services policiers, dĂ©plore-t-il. Si la population perçoit qu’on a un système biaisĂ©, qui est Ă  l’avantage des policiers, et qu’il discrĂ©dite les plaintes dĂ©posĂ©es par les citoyens, la confiance dans les services policiers va diminuer. Â»

Convocation Ă  l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale Ordinaire 2023

Le conseil d’administration de Mouvement Action Justice a le plaisir de vous convier à la prochaine Assemblée générale de notre organisme, le samedi 17 juin 2023 à 11h00, dans la salle de conférence Henri Barnabé, 4245, avenue Laval, Montréal, H2W 2J6.

Note : l’assemblĂ© gĂ©nĂ©rale annuelle 2023 de MAJ aura lieu en prĂ©sentiel et en visioconfĂ©rence via Zoom.

Veilleur nous contacter en avance afin de confirmer votre présence et pour des renseignements concernent votre participation.

La déontologie policière : l’insupportable épreuve du processus.

Par Hadj Zitouni, Porte-parole du Mouvement Action justice

Le 3 avril 2023

Alexandre Popovic, porte-parole de la CRAP, Coalition contre la RĂ©pression et les Abus Policiers et Hadj Zitouni, porte-parole de MAJ, Mouvement Action Justice. Discussion, lors de la Manifestation contre la brutalitĂ© policière du 15 mars 2023.  

«La dĂ©ontologie policière, c’est une machine Ă  rejeter des plaintes Â» Alexandre Popovic, porte-parole de la CRAP.[1]

Le 18 novembre 2021, une date qui est Ă  marquer au fer rouge pour Vanessa C[2]. Elle n’est pas prĂŞte Ă  l’oublier. AgressĂ©e et violĂ©e Ă  plusieurs reprises par son ex-chum, elle avait fini, Vanessa C, par composer le 911. Elle voulait dĂ©noncer son agresseur et demander de l’aide. Le SPVM a rĂ©pondu Ă  l’appel. La mère de Vanessa C ne voulait pas la garder chez elle. Histoire d’un conflit mère-fille qui persistait tant bien que mal. DĂ©saccords et querelles interminables, voilĂ  comment, Vanessa C. s’est retrouvĂ©e dans la rue. Elle a demandĂ© Ă  son ex-chum de l’hĂ©berger le temps de trouver un toit. 

Vanessa C. a toujours été malade. Elle est vulnérable, brisée en petits morceaux. De nos jours, elle est suivie en santé mentale.

Le 18 novembre 2021, les policiers ne l’ont pas cru. Et comme son ex-chum requĂ©rait son expulsion, les policiers lui ont ordonnĂ© de ramasser ses vĂŞtements et de quitter les lieux. DĂ©semparĂ©e, froissĂ©e et embrouillĂ©e, Vanessa tentait d’obtenir des explications. Elle a insistĂ©. Elle voulait ĂŞtre Ă©coutĂ©e. Mais rapidement, elle s’est retrouvĂ©e au sol. La prise de l’un des deux policiers agenouillĂ©s sur elle lui avait coupĂ© le souffle. Elle l’informait qu’elle Ă©tait en train de s’étouffer. Il lui passait les menottes, puis il la remettait sur pieds. 

Dehors, pieds-nus et sans manteau, Vanessa C. avait très froid. Elle pleurait. Elle était en état de choc. Une fois à l’intérieur de la voiture de police, elle réclamait ses souliers, son manteau. Ensuite, elle a demandé qu’on la conduise à l’hôpital. Le policier au volant la traite de folle.

La voiture de police s’immobilisait dans sa course sur la rue Hochelaga devant un centre d’hébergement pour femmes sans abri. Une fiche indiquait que le centre était complet. Les policiers reprirent donc leur route, cette fois vers le centre sud de Montréal. L’accès au pavillon Patricia Mackenzie pour les femmes sans abris étant plus accessible. Ils la déposèrent. Ils lui enlevèrent les menottes puis ils l’abandonnèrent.

Le lendemain, Vanessa C. se présentait au poste de police 22. La plainte contre son ex-chum fut retenue, celle contre les policiers, on lui demanda de s’adresser à la déontologie policière.

Quelques jours après, Vanessa C. fut transfĂ©rĂ©e dans un autre centre d’hĂ©bergement. Des intervenants du PASM, Perspective Autonome en SantĂ© Mentale tentent de s’occuper d’elle. 

Vanessa C. n’arrivait pas à faire disparaitre l’intervention policière de sa mémoire. Elle était hantée par l’attitude des policiers.

Le 17 mars 2022, la Ligue des Noires du QuĂ©bec l’aidera Ă  rĂ©diger une plainte contre les policiers qui ont participĂ© Ă  son arrestation. Une correspondance s’ouvra. 

Aux alentours du 10 avril 2022, la dĂ©ontologie policière demanda Ă  Vanessa C. un complĂ©ment d’informations : il Ă©tait impossible d’identifier un troisième policier visĂ© par la plainte. Vanessa C. prĂ©cisa qu’il s’agissait d’une policière et elle tenta de la dĂ©crire. Toutefois, Impossible de la retracer. Le rapport de la police indiquait la prĂ©sence de deux policiers seulement.

Le 11 octobre de la même année, un autre questionnaire s’ajoutait et le nom de Vanessa C. commençait à briller sur les correspondances. Vanessa C. nourrissait un espoir… Malgré des précisions et une mémoire par moment intacte, la déontologie policière refusa d’inculper une policière inconnue, fantôme. De ce côté, le dossier fut rapidement fermé.

Conclusion, on propose Ă  Vanessa C. une date de conciliation avec les deux policiers impliquĂ©s. Elle est quasi obligatoire cette sĂ©ance de conciliation. Si vous la refusez, votre dossier sera tout simplement fermĂ©.  

Le 20 décembre 2022, Vanessa C. ne voulait pas aller seule à la rencontre de ces deux policiers. Elle était traumatisée. Le Mouvement Action Justice me désigna pour l’accompagner. Elle pleurait Vanessa C. tout au long de la réouverture de son récit.

Elle n’a pas oublié un seul bout de l’agression. Les deux policiers en face d’elle répétaient qu’ils ne se souvenaient pas tout à fait de l’événement. Néanmoins, ils s’excusaient en ajoutant qu’ils n’avaient aucunement l’intention de la blesser, de la maltraiter, de l’abandonner…

La conciliatrice, court-circuite, elle demande de nous rencontrer seuls, elle et moi, auteur de ces lignes et Vanessa C. On se déplaçait dans une salle avoisinante. La conciliatrice explique de nouveau le processus, rappelle les directives sur la confidentialité et demande à Vanessa C. si elle accepte la conciliation. Celle-ci sans hésitation aucune, refuse. Une fois retournée à la salle de rencontre, elle pleurait davantage Vanessa C. face aux deux policiers. Elle s’interrogeait sur le sort de la troisième policière qui l’a dénigré.

La conciliatrice persĂ©vĂ©rait sur le fait qu’elle n’a jamais existĂ© cette troisième policière. Yeux exorbitĂ©s, ahurie, Vanessa C. me regardait pleinement. J’ai demandĂ© Ă  questionner les deux policiers, la conciliatrice s’y est objectĂ©e, mais l’avocate de la fraternitĂ© policière n’y voyait pas d’inconvĂ©nient. Elle prenait son dossier Ă  la lĂ©gère, Madame l’avocate. Les policiers ont finalement reconnu l’intervention d’une troisième policière. Sauf qu’ils disaient ne pas connaitre le nom de celle-ci. La conciliatrice fut abasourdie. Elle rĂ©clama notre retrait de nouveau. Avec un sourire qui agrippait difficilement ses lèvres, elle nous informait qu’elle allait retravailler pour retracer la policière fantĂ´me.  Quelques semaines plus tard, une autre sĂ©ance de conciliation Ă©tait programmĂ©e. La policière fantĂ´me refait surface. Elle Ă©tait en face de nous. VoilĂ  une autre rencontre non souhaitĂ©e, similaire qui s’ajoute dans la vie de Vanessa C. : discussion, Ă©changes, propositions, rejets, des pleurs, une blessure qui saigne de nouveau et la seconde plainte est rejetĂ©e Ă©galement comme des centaines d’autres avant et après Vanessa C.


[1] https://pivot.quebec/2023/03/17/un-projet-de-loi-pour-la-police-aux-depens-de-leurs-victimes/

[2] Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité.

Depuis quand le Québec éduque les immigrés?

Par Hadj Zitouni

Le 25 mars 2023

« On aura tendance Ă  se tourner vers l’immigration. Mais Il faut loger ces immigrants. Les franciser. Les intĂ©grer. Les Ă©duquer ».  C’est un passage d’un article publiĂ© dans le journal de MontrĂ©al le 23 mars 2023 intitulĂ©, Le modèle quĂ©bĂ©cois va finir par craquer.

L’auteur avait amputĂ© la chaĂ®ne de son wagon locomotive lançait un peu Ă  la hâte en laissant derrière lui d’autres wagons d’une valeur inestimable. Je prends soin, dans cet article, de les rattacher Ă  son train.  Voici ces wagons manquants avec leurs marchandises, indemnes : On aura tendance Ă  se tourner vers l’immigration. Mais il faut les exploiter ces immigrants. Les vider. Les dĂ©raciner. Les condamnĂ©s, eux et leur postĂ©ritĂ© Ă  demeurer Étranger Ă  jamais. Ce n’est pas surprenant d’entendre d’un journaliste « plouc Â» une bourde de cette taille. D’ailleurs, notre « plouc Â» achève son article avec une note encore plus surprenante, cette fois allant jusqu’à proposer au gouvernement de François Legault de couper les dĂ©penses concernant l’hĂ©bergement, l’intĂ©gration, la francisation, l’éducation de ces pauvres (yanomamis) qui dĂ©barquent vagues après vagues au QuĂ©bec et qui sont devenus selon notre « plouc Â», un vrai fardeau pour l’économie quĂ©bĂ©coise. Wow! Quel abrutissement!

Dès le seuil de son article, notre « Plouc Â» n’était aucunement gĂŞnĂ© de dĂ©clarer, « Je ne suis pas un expert en Ă©conomie » et puis, il reprend cet aveu au moment de vouloir quitter son Ă©crit. « Comme je l’ai dit, je ne suis pas un expert en Ă©conomie Â». Sauf qu’à peine fini cette phrase, le « plouc Â» glisse dans l’habit d’un expert qui chapote les experts en Ă©conomie. Il a du culot notre « Plouc Â» d’aller mĂŞme conseiller le premier ministre du QuĂ©bec Ă  couper dans des dĂ©penses comme celles, par exemple, d’éduquer les immigrants. Le mot Ă©duquer est rĂ©voltant et depuis quand le QuĂ©bec Ă©duque les immigrants? Haut de son gradin, le « plouc Â» avait dĂ©jĂ  oubliĂ© l’histoire de ces ancĂŞtres colons.

Prenons un peu de recul. Le QuĂ©bec est fondĂ© indiscutablement sur des vagues d’immigrations depuis le dĂ©but du XVIIe siècle. Ces vagues se poursuivent de nos jours. Il faut bien admettre que c’est grâce Ă  ces vagues d’immigrations que le QuĂ©bec continue d’exister. Force est de constater que ces vagues se poursuivent de nos jours, successives, ininterrompues. Par contre Ă  l’inverse du XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles, Immigration Canada a soumis les gens, qui cherchent Ă  immigrer sur ses terres, Ă  des critères Ă©liminatoires d’une grille de sĂ©lection rigoureuse. Acceptations faites sur mesures pour rĂ©pondre Ă  des besoins ciblĂ©s Ă  court et longue terme.

L’équipage de l’empire PP, Richard, Mathieu, Sophie, Antoine, Normand, Sylvain, Denise… et j’en passe, sont les progénitures de ces vagues qui se sont succédées dans un temps lointain. Est-ce que les premières vagues de populations qui ont peuplé le Québec au XVIIe et XVIIIe siècles étaient à ce niveau de sélection, sinon étaient-elles réellement bien éduquées?

Incontestablement, la grille de sélection qui est imposée par Immigration Canada depuis le début du XXe siècle atteste que le niveau d’instruction et d’éducation des personnes qui immigrent au Canada est plus élevé que les vagues précédentes d’immigration.

Donc, le modèle québécois ne va pas craquer par les dépenses faites à réintégrer des candidats hautement qualifiés aspirant à devenir les futurs québécois, mais plutôt par le discours de ces « ploucs » qui se pensent meilleurs que les autres, alors que le Québec appartient à tous celles et ceux qui veulent être québécois.

La dĂ©ontologie policière : l’Ă©motion vibrante d’une femme aux commandes.

Par Hadj Zitouni, Porte-Parole

Le 17 janvier 2023

Me Mélanie Hillinger, Commissaire à la déontologie policière.

La déontologie policière est mise sur pied afin de surveiller et sanctionner les excès et les comportements dérogatoires des agents des forces de l’ordre. Elle favorise à plus de 90% les séances de conciliations, chemin quasi obligatoire pour les plaignants qui, au bout du chemin ne gagnent rien, sinon, raviver une plaie encore béante. Par contre, les policiers qui s’exposent à cet exercice font face à leurs victimes afin de constater l’ampleur de leurs inconduites. Jusque-là, nous sommes en mode prévention, alors qu’en réalité ces arrangements sont une continuité de formation sur mesure a un prix beaucoup moins couteux. Les victimes de l’abus policier deviennent des cobayes par excellence dans ces laboratoires de redressement. Cependant, ce déroulement aussi profitable soit-il pour le gouvernement, est incontestablement dévastateur pour les citoyens, puisque ces derniers pourraient se sentir trahit deux fois plutôt qu’une !

Me MĂ©lanie Hillinger est nommĂ©e Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière le 27 avril 2022. Une promotion faite sans trop de bruit et tout Ă  fait imprĂ©vue au dĂ©part. A-t-elle bĂ©nĂ©ficiait d’un coup de pouce pour obtenir ce poste ? De l’avoir rencontrĂ© personnellement, j’en doute fortement. Sa nomination a dĂ©stabilisĂ© un rang habituellement destinĂ© aux hommes. C’est la première fois en 33 ans de son histoire, que le QuĂ©bec vient de dĂ©signer une femme a la tĂŞte d’un organisme qui veillera, pour les 5 prochaines annĂ©es, au respect du Code de dĂ©ontologie des policiers du QuĂ©bec. Les mĂ©dias non plus, n’y sont pas allĂ© en fanfare pour souligner l’évĂ©nement et le recours devant cette instance administrative qui demeure encore mĂ©connue pour une grande partie de la population n’a pas aidĂ© non plus. Pourtant, il est question de la paix sociale !

L’abus des agents des forces de l’ordre est devenu un vrai casse tĂŞte pour tout le monde. La confiance, cette composante vitale pour la relation pouvoir-citoyens est Ă©branlĂ©e Ă  un point ou des victimes refusent carrĂ©ment de faire appel aux services de la police de crainte que leurs demandes tourneraient au cauchemar voire mĂŞme aux reprĂ©sailles. MalgrĂ© ce constat dĂ©plorable, les sondages et les rapports annuels du Commissaire Ă  la dĂ©ontologie policière indiquent clairement que la hausse des plaintes contre les policiers ne cesse d’augmenter d’une annĂ©e Ă  l’autre. Les chiffres sont troublants, voire prĂ©occupants. Tandis que l’impunitĂ© policière gagne du terrain malgrĂ© l’alarme retentissante d’un rĂ©veille citoyen qui incite le gouvernement Ă  agir rapidement. Malheureusement, un esprit archaĂŻque s’agrippe en permanence aux assises du pouvoir et continue de faire croire que, dĂ©fendre les policiers mĂŞme s’ils transgressent les codes, les règles et les lois, assure la sĂ©curitĂ© de l’état. Sachant Ă©galement qu’ils reprĂ©sentent les « chiens de garde Â» et qu’il faut veiller Ă  les abriter de tous soupçons, coĂ»te que coĂ»te, Ă  tort ou Ă  raison !  

En nous invitant le 10 janvier 2023, la nouvelle Commissaire a la dĂ©ontologie policière, Me MĂ©lanie Hillinger est partie sur les pas de son prĂ©dĂ©cesseur, Me Marc-AndrĂ© Dowd qui venait, Ă  son tour, d’être nommĂ© protecteur du citoyen. Elle aussi est allait Ă  la rencontre des organismes en dĂ©fense des droits. D’un mouvement dĂ©sinvolte, elle glisse sur le terrain, cherchant Ă  briser la glace qui pourrait lui embrumer la vue vers ou elle s’est engagĂ©e. Nous n’avons pas osĂ© dĂ©cliner l’invitation, en signe d’ouverture de part et d’autre. Elle est venue, Me Hillinger, nous accueillir Ă  notre arrivĂ©e dans ses bureaux. Elle simulait le confort dans ses nouveaux souliers. Elle se filait d’un endroit a l’autre pour nous conduire Ă  une salle de confĂ©rence. Un homme l’a suivi avec un calepin en main, l’air un peu gĂŞnĂ©. Elle a tenu Ă  garder son sourire, Me Hillinger, le plus longtemps possible, mĂŞme s’il semblait lĂ©gèrement forcĂ©, puis ce sourire s’éteignait brusquement Ă  la vitesse de l’éclair quand nous lui avons demandĂ© comment elle a pu accepter un tel poste oĂą la quĂŞte de justice entre force de l’ordre et citoyens est disproportionnĂ© et qu’avec toute la bonne volontĂ© qu’elle puisse avoir, elle se dirige vers un mur de bĂ©ton ?

Notons que Me Hillinger n’est pas le genre de personne qui marque une pose avant de répondre. Aucun tic nerveux ne paraissait sur son visage, sinon ses yeux étaient figés dans un regard intense pour un petit moment puis comme libérée d’une contrainte, elle s’est déclenchée en moulin à paroles tournant à fond. La nouvelle commissaire à la déontologie policière est une vraie communicatrice même s’il lui arrivait de ne pas répondre à la question en l’esquivant subtilement à la recherche d’une issue pour mieux répondre. En survolant sa carrière, Madame la Commissaire s’est attardée sur son expérience en relation de travail, en négociation de convention collective et de sa pratique dans les médiations et les conciliations. Puis elle nous a parlé de son désir de vouloir assurer la paix sociale. Elle avait hâte, madame la Commissaire, de contribuer dans le domaine de la paix sociale au Québec.

En reprenant la parole pour lui laisser le temps de rassembler ses idées et de se concentrer, nous lui avons exposé la détresse des victimes de la brutalité policière et comment ces personnes soufraient de traumatismes en gardant des séquelles parfois permanentes. Nous lui avons apporté des exemples à crever le cœur. La force excessive des corps policiers n’est pas seulement non justifié, mais souvent ignoble. Alors qu’on essayait de lui transmettre quelques images de ces victimes, nous avons été surpris de constater que madame la Commissaire était au bord des larmes. Oui, les yeux brouillés de larmes pour quelques fractions de secondes, c’était bien la Commissaire à la déontologie policière en personne et pas quelqu’un d’autre. Puis, elle s’est affichée en statut de bronze pour dévier cet instant hautement saisissant. Elle n’a pas sauté dans le vide, madame la Commissaire, mais plutôt dans la quête de sa contribution à la paix sociale. Elle nous a assuré qu’elle va tout faire pour renforcer le dialogue et l’échange tout en portant une attention particulière pour ce qui est juste et ce qui ne l’est pas et ce, avec beaucoup d’humilité.

En quittant les bureaux de la dĂ©ontologie policière, le portrait de cette dame de fer qui, espĂ©rons-le, ne sera point intoxiquĂ©e par les rĂ©sidus du pouvoir, nous a accompagnĂ© en douceur le temps de mettre quelques ports d’attaches dans notre esprit en souvenir d’une femme fonctionnaire de haut niveau. 

Ferme ton tabernacle et dégage hostie d’immigré.

Le karma est puissance carrée : Mathieu Bock-Côté récolte ce qu’il a semé. 

Par Hadj Zitouni, MAJ

Vendredi, le 28 octobre 2022 

Décidément, le vœu de milliers de téléspectateurs Français qui ont eu ras le bol de Mathieu Bock-Côté et qui ne veulent plus l’entendre parler dans leurs téléviseurs, s’est amplifié ces derniers temps, de plus en plus fort. D’ailleurs, un animateur d’une émission diffusée en France sur les ondes de TMC, Yann Barthès[1] a fini par exhiber ce désir au plus haut en espérant que l’appel soit entendu.

Un Ă©cĹ“urement pestilentiel qui ne vient nullement d’une divergence politique de droite ou de gauche, mais plutĂ´t visant l’incompĂ©tence intellectuelle toxique chez ce personnage que la grande majoritĂ© des tĂ©lĂ©spectateurs français n’arrivent tout simplement plus Ă  endurer. HonnĂŞtement, il fait pitiĂ© ce Mathieu Bock-CĂ´tĂ© sur les Ă©crans de la tĂ©lĂ©vision française. 

Au QuĂ©bec ce personnage passe pour un sociologue, essayiste, chroniqueur, voire tĂŞte pesante et tout ce que vous voulez, sauf qu’en dehors de cet enclos, Mathieu Bock-CĂ´tĂ© s’est butĂ©, comme d’autres avant lui, sur des mesures draconiennes de sĂ©lections. Au dĂ©part, les Ă©preuves ont fait de lui un intrus peu bavard et par la suite, malgrĂ© l’armature quĂ©bĂ©coise qui le tient debout Ă  distance est devenu loquace et pour finir indĂ©sirable dans tout l’Hexagone ou presque.

Noter que les aventures de ce bonhomme de neige ne se déroulaient pas à Chicoutimi ou en Gaspésie, mais plutôt au pays de Voltaire où la marche d’entrer dans le cercle des intellectuels est trop élevée. Or, notre chum de Chicoutimi manque remarquablement d’étoffe pour accéder. Voilà pourquoi en aucun cas, Mathieu Bock-Côté n’a été accueilli à bras ouverts dans la sphère intellectuelle française, sauf chez une partie de l’extrême droite radicale et encore à quel prix?

Éric Zemmour, candidat à la présidentielle française en 2022 et fer de lance du mouvement radical de l’extrême droite était beaucoup plus confortable sur les plateaux télévisés quand Mathieu Bock-Côté se trouvait en face de lui. Attention! Ce n’est guère pour une valeur intellectuel ajoutée au débat, mais un appât en guise d’amener le concurrent sur des segments chers à ses théories.

Constamment sur sa défensive et très peu à l’écoute, Mathieu Bock-Côté est une vraie minoterie de paroles quand il se déclenche. Vocable mal broyé, souvent récupéré pour colmater des impasses imprévues. Il roule, Mathieu Bock-Côté, sur les mêmes idées cités et récités en pompe et si par maladresse il fut interrompu au moment de ses interventions, les mots se déstabilisent chez lui et à la sueur de son front, la parole devient inaudible à l’image d’un moulin en difficulté de fonctionnement. Ainsi notre chum, Mathieu Bock-Côté, s’enfonce dans le ridicule. Et très vite, il se métamorphose en bouffon d’émission. 

L’ascension fulgurante d’Éric Zemmour a fini par une chute brutale sans trop de bruit. Nous avons tous suivi cette descente vertigineuse des « adeptes du grand remplacement Â» et ses Ă©clats qui remplissaient une quĂŞte presque insignifiante, sinon une dĂ©rive idĂ©ologique sur un pavĂ© pratiquement dangereux qui ne peut amener qu’aux affrontements, voire la division, la violence et la haine. 

Éric Zemmour est un journaliste, écrivain, essayiste, éditorialiste, chroniqueur, polémiste, sauf d’être à mon avis un vrai politicien. Cependant, ici, il n’y a rien à comparer avec le chum de Chicoutimi qui porte sur les plateaux télévisés son complexe identitaire à deux mains. Il aurait pu être un peu meilleur, Mathieu Bock-Côté, s’il avait adopté une réflexion moins prétentieuse, humainement défendable et intellectuellement enrichissante au pôle de la diversité humaine.

Sans ouvrir la trappe de son obsession Ă  l’égard de la question identitaire, le discours de Mathieu Bock-CĂ´tĂ© appelle Ă  la discrimination, Ă  la stigmatisation et Ă  la violence qui peut naitre chez les citoyens qui ne partagent pas son idĂ©ologie meurtrière. Il illustre chez ses cousins français l’exemple de l’immigrĂ© qui est venu se recycler en vue de retourner sur ses pas pour semer la division. 

En fonçant publiquement, mal adroitement son nez dans le chaudron de ses hôtes, Mathieu Bock-Côté avait enfreint les règles de l’hospitalité. D’emblée, il était repoussé, rejeté en hostie d’immigré. Au Québec, selon la théorie diachronique de l’immigration: tous les habitants du Québec, à l’exception des communautés autochtones, sont des immigrés ou descendants d’immigrés, sinon le dernier migrant arrivé sur le sol québécois est un Québécois à part entière. Donc, Mathieu Bock-Côté qu’il le veuille ou non, réside au Québec comme n’importe quel autre immigré. Il faut peut-être que sa pensée évolue un peu vers le principe de l’égalité naturelle s’il ne souhaite plus faire partie du statut « des hosties d’immigrés ».

Note : 

Pour les mĂ©dias qui refusent constamment de nous publier, je vous rappelle simplement une citation attribuĂ©e Ă  Voltaire et qui porte le sens de l’article 10 de la convention europĂ©enne des droits de l’homme qui protège la libertĂ© d’expression :

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire Â». La citation, nous savons très bien que vous la connaissez, mais arrivant au stade de vous la rappeler, c’est une autre chose.

Il reste que la censure est, malheureusement, un autre drame au Québec. 

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=video&cd=&ved=2ahUKEwio-cnj2or7AhUmmIkEHe_gDS4QtwJ6BAgLEAI&url=https%3A%2F%2Fwww.tf1.fr%2Ftmc%2Fquotidien-avec-yann-barthes%2Fvideos%2Fradio-canada-vous-voulez-vraiment-pas-recuperer-mathieu-bock-cote-46953494.html&usg=AOvVaw2uwZhy32_6u3iGc9SEymL9


Lettre ouverte à madame Christine Morin, professeure de droit à l’université de Laval et titulaire de la chaire de recherche Antoine-Turmel sur la protection des aînés au Québec. 

Le 10 Octobre 2022 – MAJ

Madame Morin est, entre autres, auteure d’une Ĺ“uvre colossale intitulĂ©e, Droit des aĂ®nĂ©s. 

Madame la professeure, 

Nous sommes un organisme Ă  but non lucratif. Nous Ĺ“uvrons en dĂ©fense des droits. Cela s’est dĂ©clenchĂ© par une injustice faite Ă  une personne et depuis deux dĂ©cennies, si ce n’est pas plus. Cette lutte, qui s’est conjuguĂ©e au pluriel, n’a jamais cessĂ©. Nous rejetons les injustices sous toutes leurs formes. Nous les dĂ©nonçons Ă  haute voix. Incontestablement, elle demeure unie cette voix persistante contre l’abus de l’autoritĂ© au QuĂ©bec. 

Madame la professeure, Ă  travers les plaintes que nous traitons au quotidien, il y a celles qui nous inquiètent, d’autres nous choquent, alors que certaines peuvent ĂŞtre traumatisantes. Mais nous essayons de garder la tĂŞte froide afin de continuer Ă  servir une clientèle qui, malheureusement, cède l’espace et renonce Ă  toute action prĂ©fĂ©rant ainsi s’éteindre en signe de rĂ©signation. 

Pourquoi nous vous interpellons vous personnellement, madame la professeure et pas d’autres ?

Nous avons en face de nous une personne âgĂ©e qui pleure des larmes d’impuissance, de douleurs dĂ©chirantes Ă  la suite d’un abus de pouvoir qui l’a mis Ă  terre.  Elle cherche Ă  repousser dans son dĂ©sespoir le mal de l’injustice qui l’habite depuis son agression. Elle veut comprendre pourquoi notre sociĂ©tĂ© n’entend pas sa voix, alors qu’elle implore le monde autour d’elle d’agir. 

Nous vous interpellons, madame la professeure, parce que vous aussi, semble-t-il, vous n’avez pas entendu le crie de cette victime de Sainte-Agathe-des-Monts, son appel au secours et Ă  sa demande Ă  l’aide. Nous vous rappelons qu’elles sont nombreuses ces victimes au QuĂ©bec. D’ailleurs, vos Ĺ“uvres juridiques tĂ©moignent assez bien de leurs dĂ©sarrois. Sauf que vos Ă©crits demeurent imputĂ©s de cette rĂ©alitĂ© qui nous enchaine fortement Ă  avouer que beaucoup de nos aĂ®nĂ©s sont maltraitĂ©s, non respectĂ©s, violentĂ©s, abusĂ©s… et attention madame la professeure, c’est l’abus de l’autoritĂ© qui est remis en question ici. Il faut avoir le courage de le dire. Vous faites des aĂ®nĂ©s votre cheval de bataille, madame la professeure. Vous galopez Ă  l’international en dĂ©fense de ces personnes de l’âge d’or, mais vous semblez vous Ă©carter sur d’autres rĂ©alitĂ©s qui empoisonnent la vie des aĂ®nĂ©s au QuĂ©bec. Il est oĂą le courage de la cavalière, madame la professeure ? Sachez que si vous publiez des articles ciblĂ©s ou vous vous introduisez, vous mĂŞme Ă  l’assemblĂ©e nationale pour dĂ©battre la question des aĂ®nĂ©s, le monde va vous entendre. Mais vous devrez Ă©galement inclure la voix de ces victimes qui dĂ©noncent l’abus de l’autoritĂ©. L’état fait malheureusement partie de ce glissement de moralitĂ©. Il faut l’affronter dans le but de mieux protĂ©ger et apaiser les soucis de nos aĂ®nĂ©s.

C’est ainsi que nous vous transfĂ©rons le cri de dĂ©tresse de l’une de ces victimes. Il reste Ă  vous, madame la professeure, de le prendre ou non. Mais pour le moins, notre Mouvement vient, encore une fois, Ă  libĂ©rer sa conscience sereinement. 

Avant de cĂ©der la parole Ă  la plaignante, madame Micheline Jacques, nous attestons la sincĂ©ritĂ© de cette dĂ©claration que nous venons de faire et ce, Ă  travers les nombreuses heures passĂ©es en compagnie de cette dame et nous invitons madame la professeure d’incliner de temps en temps sa plume et sa rĂ©flexion en faveur d’une dĂ©nonciation comme celle-ci. 

Formellement, la plainte de Mme Micheline Jacques est tout Ă  fait recevable, sinon en quoi le droit peut-il nous servir ?

Nos ainés ont besoin de sommités comme vous, qui ne perdent pas de vue dans leurs travaux, l’abus de pouvoir dans un contexte de grande vulnérabilité.

Voilà et nous vous laisserons lire la plainte de cette humble citoyenne. Elle déplore le traitement et le manque de respect envers les aînés au Québec. Nous vous informons également que madame Micheline Jacques avait envoyé sa plainte à la déontologie policière et ceci sans connaître, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, que cette institution n’est qu’un gaspillage des fonds public. Nous devrons comprendre que la déontologie policière au Québec utilise les victimes de l’abus policiers afin de contribuer à la formation des policiers au Québec et non pas à rendre justice à qui que ce soit. Dans ce dessin, on se moque de la victime et on l’abuse une seconde fois.

En dĂ©finitive, la dĂ©ontologie policière est un laboratoire inhumain oĂą des sĂ©ances de conciliations forcĂ©es Ă  la longueur de l’annĂ©e sont proposĂ©es aux victimes Ă  contre grĂ©. La confrontation entre policiers fautifs et leurs victimes fait partie d’un stratège complĂ©mentaire sur mesure Ă  prix avantageux pour l’état. Alors que les victimes de l’abus policier demeurent les cobayes, par excellence, de laboratoire de la dĂ©ontologie policière. L’impunitĂ© policière au QuĂ©bec gagne dĂ©mesurĂ©ment du terrain en silence des cimetières.     

Madame Micheline Jacques est entrĂ©e en contact avec le Mouvement Action Justice en Septembre 2022, afin de nous demander de l’aide. 

L’équipe de Mouvement Action Justice.

Texte de la plaignante, Mme Micheline Jacques :

Sainte-Agathe-des-Monts le 6 octobre 2021

Commissaire à la déontologie policière

A200-2525 boulevard Laurier

2e Ă©tage

Québec QC G1Y 4Z6

Sujet :                Plainte relative Ă   :          De l’abus de pouvoir de la part d’un policier.

                                               Un manque de respect de la part d’un policier

                                               De la maltraitance psychologique envers une ainĂ©e. 

Madame,

Monsieur,

Mon nom est Micheline Jacques, je suis âgĂ©e de 73 ans. Depuis mai 2005, je prends soin de ma sĹ“ur et de mon frère ayant un retard intellectuel de naissance. Je me suis occupĂ©e de ma mère durant plusieurs annĂ©es, je l’ai accueillie chez moi et maintenant je m’occupe d’elle alors qu’elle est en soins de longue durĂ©e au Pavillon Philippe Lapointe depuis 2019.  Je reçois de l’aide du CLSC de Sainte-Agathe-des-Monts et les intervenantes qui y travaillent me considèrent comme une aidante naturelle.

Le mercredi 12 mai 2021, comme tous les mercredis, je suis allĂ©e reconduire ma sĹ“ur Pauline et mon frère Denis au Pavillon Philippe Lapointe pour un « rĂ©pit Â» et afin qu’ils participent Ă  des activitĂ©s de 12 h 25 Ă  15 h 30. Je suis ensuite retournĂ©e les chercher.

Entre-temps j’ai reçu un appel m’avisant que des paiements de plus de 10 000 $ Ă©taient dus par ma mère, pour sa chambre. Vous comprendrez mon dĂ©sarroi, ma peine et mon impuissance, me sentant dĂ©munie face Ă  cette situation. Lorsque je suis retournĂ©e chercher mon frère et ma sĹ“ur, j’ai ressenti le besoin d’en parler avec quelqu’un et j’ai donc parlĂ© de la situation avec XXXXXXXX, prĂ©posĂ©e. Je ne cessais de pleurer, j’étais sous le choc. Madame XXXXX m’a dit : « Tu ne peux pas rester comme ça Â», ce Ă  quoi j’ai rĂ©pondu : « Je travaille ce soir, je vais aller me reposer Ă  la maison avant d’aller travailler Â». 

Croyez-vous que ce soit assez clair? Je me suis exprimĂ©e en français pourtant.

Je me suis donc rendue Ă  la maison, j’ai fermĂ© la sonnerie du tĂ©lĂ©phone et je suis allĂ©e me reposer. Quelque temps après j’ai entendu qu’on cognait Ă  ma porte avec vĂ©hĂ©mence, comme pour la dĂ©foncer. J’avais le cĹ“ur qui dĂ©battait, je n’avais aucune idĂ©e de ce qui se passait. J’ai alors criĂ© d’arrĂŞter. J’ai ouvert la porte et j’ai vu deux policiers. C’est Ă  ce moment qu’un des policiers a mis son pied dans le cadrage de la porte, j’avais peur et je lui ai demandĂ© d’enlever son pied. Ce policier avait une posture menaçante, son pied droit dans la cadre de porte, sa main droite Ă©galement sur ma porte et sa main gauche Ă  la hauteur de sa hanche, soit sur son arme ou sur un « taser Â», je ne sais pas, mais j’avais vraiment peur. Je vous le rappelle j’ai 73 ans !

Tout ceci s’est passĂ© rapidement et c’est Ă  ce moment qu’il s’est adressĂ© Ă  moi comme Ă  un ĂŞtre infĂ©rieur Ă  lui, non comme Ă  un ĂŞtre humain, une personne âgĂ©e de surcroit. Est‑ce parce qu’il portait l’uniforme de la SQ? Je me sentais agressĂ©e, non respectĂ©e. Il a manquĂ© de savoir-vivre, de respect et d’empathie Ă  mon Ă©gard. Il ne cessait de me poser des questions sur un ton arrogant et menaçant, mais je ne comprenais toujours pas pourquoi ils Ă©taient lĂ . Durant ce temps, il gardait sa position d’attaque. Il a ajoutĂ© que si je ne rĂ©pondais pas il m’emmènerait de force Ă  l’hĂ´pital. J’étais abasourdie, imaginez ma peur et mon incomprĂ©hension. Pourquoi agissait-il ainsi Ă  mon Ă©gard? Je suis une personne qui a aidĂ© son prochain toute sa vie. Je m’occupe de ma mère, de ma sĹ“ur, de mon frère qui ont tous vĂ©cu chez moi. J’ai 73 ans et je continue de travailler pour pouvoir subvenir Ă  nos besoins! Je n’ai pas beaucoup d’aide extĂ©rieure, mais j’ai toujours continuĂ© par amour pour eux. Pourquoi une telle violence verbale Ă  mon Ă©gard? 

J’ai su par la suite que la SQ avait reçu un avis du Pavillon Philippe Lapointe disant que je n’allais pas bien… mais il ne m’en a JAMAIS parlĂ©! C’est un manque total de dĂ©licatesse! Il devait bien se rendre compte que je ne comprenais pas ce qui se passait? Ne suive-t-il pas une formation en ce sens?

C’est à ce moment que j’ai perdu patiente sur la façon dont il me traitait. Comment un policier pouvait-il entrer chez moi de force sans m’en expliquer les raisons? Je lui ai alors demandé de passer par la porte qui se trouve sur le côté, rue Hôtel-de-Ville. Son coéquipier s’est alors dirigé vers cette porte pendant que lui attendait, toujours en position menaçante. Pensait-il que je n’ouvrirais plus la porte un coup celle-ci fermée? Que cherchait-il à faire? Que voulait-il? Son collègue, plus jeune, mais avisé, a très bien compris qu’il ne fallait pas me provoquer ou me parler en haussant le ton. Prenait-il plaisir à m’humilier et à me discréditer, alors qu’il y avait des voisins autour? Son comportement est tout à fait INADMISSIBLE. Se croit-il supérieur à cause de son uniforme. Les dernières années nous avons entendu des histoires d’horreur de policier agressif. Des histoires d’horreurs aussi concernant les personnes âgées. Il est temps de faire quelque chose pour que ça cesse.

J’aimerais savoir ce qui a Ă©tĂ© dit Ă  mon Ă©gard pour qu’on agisse avec toute cette agressivitĂ©. Je comprends qu’il y a des protocoles Ă  respecter, mais je ne crois pas que l’agressivitĂ© en fasse partie. Encore une fois, je suis une personne âgĂ©e… pas une personne armĂ©e! Le jugement, monsieur, le jugement, savoir utiliser son jugement, pas son uniforme ou son badge!

Je me demande si les policiers de la SQ qui œuvrent à Sainte-Agathe-des-Monts ont des caméras attachées à leurs uniformes? Si c’est le cas, vous pourriez demander à visionner la bande de l’intervention et vous comprendriez pourquoi depuis ce temps je ne dors plus. J’ai constamment peur. Je me réveille en sueur et je n’arrive plus à dormir. J’ai dû consulter un médecin à ce sujet. Je ne fais que pleurer parce que je n’arrête pas de penser à cette intervention et je panique. Je le répète, j’ai 73 ans. Cette façon de me traiter est de la maltraitance et de la violence psychologique, ni plus ni moins. Croyait-il me mettre en confiance? Maintenant, je ne ferai plus jamais confiance à la police, quelle qu’elle soit et je ne me sentirai plus en sécurité. Le policier Delage ne s’est pas soucié des conséquences que cela pourrait avoir sur moi.

Le policier concerné est le matricule 13516 au nom de Delage.

Ă€ noter :

Je ne suis pas une meurtrière.

Je ne suis pas une voleuse.

Je n’ai pas de casier judiciaire.

Je ne suis pas une personne qui abuse, mais plutĂ´t une personne qui aime assez pour tendre la main afin d’aider son prochain

J’ai enseigné le respect d’autrui à mes enfants.

Il me semble qu’un policier devrait recevoir le même enseignement.

Je ne crois pas qu’il connaisse le mot RESPECT de toute façon.

Honte à lui de porter l’uniforme de la SQ.

Je demande réparation et justice. Il ne faut pas que ce genre d’intervention auprès de personnes âgées sans défense et vulnérables continue!

C’est INNACEPTABLE.

Cette intervention a été abusive et non méritée.

Espérant que ce dossier ne se retrouvera pas sur une tablette comme tant d’autres.

Espérant recevoir de vos nouvelles dans les plus brefs délais. Sinon je me verrai dans l’obligation de contacter les médias.

Bien Ă  vous,

Micheline Jacques

XXXXXX

XXXXXX

XXXXXX

c. c. : 

Secrétariat aux ainés

Ministère de la Famille et des Ainés

1075 chemin Sainte-Foy

2e Ă©tage

QuĂ©bec QC  G1S 2M1

Appel aux rĂ©sidents de Saint-Agathe-des-Monts : Si vous avez Ă©tait victime ou tĂ©moin d’abus et de brutalitĂ© policière, n’hĂ©sitez pas Ă  communiquer avec Le Mouvement Action Justice.

Salle de conférence Henri Barnabé

Lors de son assemblée générale annuelle tenue le 18 juin 2022, le Mouvement Action Justice a nommé officiellement sa salle de conférence au nom de monsieur Henri Barnabé, un militant qui a brulé la mèche de sa vie pour venir en aide aux autres. La quête de la justice a toujours été sa pierre angulaire, elle lui tenait à cœur. Monsieur Henri Barnabé a vécu remarquablement en monument de bienveillance et d’indulgence. Il nous a quitté dans l’ombre, un peu trop vite d’ailleurs, comme il a toujours vécu. Il est parti avec ce goût amer de celui qui est profondément déçu de notre système de justice qui, malgré une apparence de cliché, il ne cesse de reculer et faire de plus en plus de victimes dans notre société.

En quoi, la manifestation contre la brutalité policière est primordiale?  

Photo : Mouvement Action Justice

Étrange! Le 15 mars de chaque année, journée internationale contre la brutalité policière, ma boussole magnétique tourne étrangement vers cette manifestation. Elle se positionne, s’aligne et pointe en direction unique, rendez-vous ultime pour dénoncer l’excès de la force policière. Je vieillis en avançant dans le temps et l’aiguille de ma boussole résiste, tient tête en avant. Elle reste fidèle à son axe. Rien ne lui fait changer de cible ou modifier sa trajectoire, même pas le poids des années qui cumulent. De mes mains, je laisse tout tomber en chute libre. J’annule mes rancards et je me précipite vers cette marche, d’abord en signe de solidarité avec les victimes de la brutalité policière puis, enseigne d’une voix collective dénonçant l’égard de la conduite policière envers les citoyens.

Ils Ă©taient environs trois mille les manifestants contre la brutalitĂ© policière en 2016 Ă  descendre dans les rues de MontrĂ©al, ils sont rendus une centaine ou presque en ce 15 mars 2022. Que s’est-il passĂ© pour que le nombre de manifestants chute Ă  ce point, considĂ©rablement? 

Pourtant, la brutalitĂ© policière est un fait rĂ©el que personne ne remet ou remettra en cause. Ă€ cet effet, la manifestation annuelle contre la brutalitĂ© policière est justifiĂ©e. Elle est motivĂ©e, fondĂ©e, voire recommandĂ©e Ă  tous les citoyens soucieux de l’ordre et de la paix sociale. Je l’avais portĂ© cette affiche en connaissance de cause : Nul n’est Ă  l’abri de la brutalitĂ© policière. DelĂ , il me semble que les citoyens de la sociĂ©tĂ© civile sont tous concernĂ©s. 

Le recul des participants me donne froid dans le dos. Devant la bouche du mĂ©tro Lionel Groulx, je tenais ma pancarte face Ă  une armĂ©e de policiers qui encercle le pĂ©rimètre de la manifestation. Les jeunes militants qui rĂ©pondaient Ă  l’appel arrivent par gouttes d’eau. Ils Ă©taient, pour la plupart, habillĂ©s en noir et les visages masquĂ©s de crainte d’être rĂ©pertoriĂ©s. Les policiers en civiles se promenaient en photographes, en camĂ©ramans, ils distribuaient des sourires Ă  l’occasion. Les militants demeurent prudents, craintifs. AussitĂ´t arrivĂ©s, ils distribuaient les coordonnĂ©es des avocats en cas d’arrestations. Le sentiment d’être arrĂŞtĂ© et conduit aux centres de dĂ©tentions se dessine dans les regards perturbĂ©s de ces jeunes. Ils ont tous moins de vingt-cinq ans. Ils se regroupent en petits cercles. Ils jasent entre eux. L’odeur de la marijuana parfume l’endroit. La crainte est palpable dans l’atmosphère. Le discours de l’envoi est pataud, mais la foule est dĂ©terminĂ©e de prendre la rue, de marcher dans le froid et cette fois l’emblème scandĂ© est : la police, c’est colon en criss. Elle cherche Ă  rĂ©veiller la conscience de nos concitoyens. Alors, en l’absence de cette voix, de cette marche, de la bravoure de ces jeunes militants, la brutalitĂ© policière continuera Ă  faire des victimes chaque jour, chaque heure, chaque minute. 

Les mĂ©dias sont nombreux sur les lieux, sans ĂŞtre vĂ©ritablement utile. Enfin, cette annĂ©e, il n’y avait qu’une seule ou deux couvertures mĂ©diatiques qui ont rĂ©servĂ© quelques mots Ă  cet Ă©vènement. Le reste venait pour guetter un dĂ©rapage de taille. Ils cherchaient un monument capital pour l’image, le son et les Ă©crans tĂ©lĂ©visĂ©s.  Tout ce qui se diffuse, se consomme en grand nombre. La mort d’un jeune manifestant par exemple, le feu dĂ©truisant un bâtiment ou voir un policier transportĂ© sur une civière… La voix et le but de la manifestation sont secondaires. Elles n’ont pas d’importance rĂ©elle. D’ailleurs on ne parle plus de la manifestation contre la brutalitĂ© policière. Cette annĂ©e, on rapporte deux vitres parties en Ă©clats par les jets de pierres soi-disant par les manifestants puis, l’ordre de la hiĂ©rarchie policière mettait fin Ă  la manifestation. 

Est-ce que nous devrons nous plier Ă  cette volontĂ© malsaine du pouvoir qui Ĺ“uvre depuis des annĂ©es Ă  faire disparaitre la marche contre la brutalitĂ© policière au QuĂ©bec? Sur ce, je vous laisse mĂ©diter Ă  trouver votre propre rĂ©ponse de citoyen.  

Finalement, par ce biais et au nom du Mouvement Action Justice, je salue le rĂ©veille de ces jeunes militants qui rĂ©sistent fortement Ă  l’intimidation policière. Ils tentent de dĂ©jouer tous les plans du corps policier qui arrivent malheureusement, annĂ©e après annĂ©e, Ă  diminuer le nombre de participants. 

EspĂ©rant que les jeunes quĂ©bĂ©coises et quĂ©bĂ©cois rĂ©alisent l’importance de cette journĂ©e annuelle contre la brutalitĂ© policière et participeront en grand nombre en donnant un nouveau souffle Ă  la hauteur des attentes de toutes les victimes.   

Hadj Zitouni