L’ex-juge Jacques Delisle coupable de meurtre prémédité échappe à sa condamnation

23/02/2022

Avec le privilège de juridiction, le ministre de la justice, M. David Lametti a renvoyé le dossier de l’ex juge Jacques Delisle devant la Cour supérieure du Québec pour la tenue d’un nouveau procès, sauf que dans ce cas-ci, il n’y aura pas de nouveau procès. En effet, non seulement il n’apportera rien de nouveau et par ailleurs ce n’est pas le but recherché.Les dés semblent pipés. Un arrêt de procédures est planifié pour un acquittement. Est-ce que ce type de privilège rendra la justice meilleure? J’en doute fortement. 

Hors de tout doute raisonnable, l’ex juge Jacques Delisle a assassiné sa femme le matin du 12 novembre 2009. Il a tenté de camoufler son meurtre en suicide, sauf que la justice n’a pas été bernée par ses affabulations. 

L’honorable ex juge n’a pas émis un seul mot pendant tout son procès, imaginons-vous il va nous dire quelques années plus tard, c’était la volonté de mes petits enfants à ne pas témoigner

Le 14 juin 2012 le verdict du jury est tombé : l’ex juge Jacques Delisle est reconnu coupable de meurtre prémédité et condamné à la prison à vie. 

La justice a été rendue pour Mme Nicole Rainville, fidèle épouse et mère de famille, qui a été tuée à bout portant. Apparemment, l’ex juge Jacques Delisle, poussé dans ses derniers retranchements entre paralogisme et sophisme, finit violemment par enlever la vie à la mère de ses enfants.

Il lui a défoncé le crâne avec son Sterling, un pistolet de calibre 22. Après l’avoir froidement achevée, il dépose l’arme par terre au bout de son bras gauche. Le bras droit de celle-ci étant paralysé depuis avril 2007 restait replié et l’ex juge l’ajuste soigneusement sur la poitrine. Il enlève, par la suite, le chargeur du pistolet et les dépose par terre à côté de la seule main valide qui pend sur le côté du divan où Mme Nicole Rainville prenait place. Il ramasse également la douille et la dépose sur la table du salon. Puis, l’ex magistrat quitte calmement le domicile conjugal vers 9h30 comme si de rien n’était. Il a fait des courses chez Roset, une épicerie fine du quartier. Il retourne chez lui quelques minutes plus tard. Il dépose son sac d’épicerie et charge Mme Rainville d’un long regard d’adieu. Les yeux mi-ouverts, les lèvres un peu serrées comme comprimées de douleurs, Mme Rainville avait un trait de sang fin qui filait lentement, quasi dégoulinant de sa tempe, totalement éventrée. Vers 10h30, le cher mari, l’ex juge Jacques Delisle compose le 911 et annonce que son épouse s’est enlevée la vie. 

Jusque-là l’œuvre de l’ex magistrat est sans reproche, parfaite au millimètre près. Mais une fois les premiers répondants sur place, à la résidence du couple à Sillery, les assises de l’ex juge Jacques Delisle commencent à chanceler, ils ne tenaient plus le poids de leurs structures.       

Déconcertant, il insiste à maintes reprises auprès des ambulanciers afin qu’ils ne procèdent pas à des manœuvres de réanimations sur le corps de sa femme. Un mot ou un éventuel regard de la part de Mme Nicole Rainville l’aurait probablement accusé sauf que cette dernière n’avait pas besoin de témoigner. 

En effet, tous les indices trouvés sur la scène du crime convergeaient vers la thèse de l’assassinat. Mais l’ex juge Jacques Delisle ne se rendait pas compte qu’autour de lui tout s’effondrait. Rien ne tenait debout. Anxieux, nerveux, il informe les policiers en premier qu’il était juge à la retraite puis il leur donne une version des faits alors qu’aucun policier ne lui avait rien demandé. A l’hôpital, les policiers l’informent qu’il ne peut pas retourner chez lui puisque des enquêteurs procèdent à des expertises. Furieux, encore une fois, il refuse fermement que des expertises soient effectuées en son absence. L’ex juge Jacques Delisle voulait tout contrôler alors que tout lui échappait à fond de train. 

Aveuglé par l’amour de sa maîtresse et ex-secrétaire, l’ex juge Jacques Delisle espérait une vie meilleure. Il souhaitait à tout prix que sa femme meurt. À 73 ans, il était pressé d’en finir avec Mme Nicole Rainville. Elle était devenue un obstacle contrecarrant tous ses plans à venir. Il fallait qu’elle disparaisse de sa vie.

L’amour & l’argent sont les mobiles qui ont poussé l’ex juge Jacques Delisle à commettre ce meurtre abominable. En effet, il souhaitait vivre avec sa maitresse, Mme Plamondon et conservé le patrimoine familial pour lui seul. Un divorce n’était pas envisagé car il aurait été privé de 1.4 million de dollars. Aussi, ce septuagénaire a délibérément fait feu sur son épouse. Voilà, 50 ans de vie commune s’est effondrée à ses pieds.

Il rêvait de bateau de croisière en compagnie de sa maitresse, de sable chaud sous ses pieds et d’un ciel bleu, couleur de l’abondance et de la richesse.  Mme Plamondon était aussi partie pour tout sacrifier. Elle annonce à son mari qu’elle va le quitter bientôt pour aller vivre avec son patron, l’ex juge Jacques Delisle. 

Dans cette tragédie, il y a Mme Nicole Rainville, une épouse d’une autre époque, fidèle, dévouée, quasiment une perle rare, une lignée discontinue, en voie de disparition au Québec et ailleurs. Elle aurait fait tout le contraire de son mari si les rôles avaient été inversés. Si l’ex juge Jacques Delisle avait été frappé par une paralysie totale, tétraplégie, Mme Nicole Rainville l’aurait certainement soutenu jusqu’à son dernier souffle, sans aucune plainte. Toutes les personnes qui l’ont connu demeurent unanimes : Mme Nicole Rainville était pleine de bonté et de compassion. Trahir ou causer du mal à autrui ne lui ressemblait pas. Peut-être, elle était un peu naïve, Mme Nicole Rainville, d’avoir vécu toute une vie avec un faucon pèlerin qui vole à une vitesse vertigineuse. À cette célérité, Mme Rainville ne le voyait pas venir le matin du crime. Ce rapace diurne lui a fauché l’âme en une fraction de secondes.  

Après réflexion et probablement bien conseillé, en 2015, l’ex juge Jacques Delisle change de version. Il révèle avoir aidé sa femme à se suicider en lui fournissant un pistolet chargé mais les experts de la poursuite avaient exclu l’hypothèse du suicide sans aucune ambiguïté au final.

En effet, il est impossible qu’une seule main puisse appuyer sur la gâchette et être en même temps exposée devant la bouche du canon. Autrement dit comment Mme Nicole Rainville pouvait-elle avoir cette marque si elle tenait l’arme au moment où elle se tirait une balle dans la tête? Les experts du ministère public en étaient tous arrivés à la conclusion que c’était impossible.

Je vous rappelle qu’on avait trouvé, sur la paume de main de Mme Nicole Rainville, des grains de poudre et de la suie qui se sont échappés de la bouche du pistolet qui a servi à son exécution. Là encore, un dernier mouvement de la main, ultime témoignage de Mme Rainville, probablement, reflexe circulaire en guise de protection à la vue du pistolet de son agresseur.  

Après sa condamnation, l’ex juge Jacques Delisle, qui purgeait une peine de prison à vie, va multiplier les recours pour faire casser le verdict de sa culpabilité. Difficile, voire impossible d’annuler le verdict d’un jury, sauf erreur flagrante concernant les directives du juge de premières instances. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a retenu les services de quatre experts européens qui se sont penchés sur les éléments scientifiques qui composent le dossier et pourraient être amenés à témoigner dans le cadre d’un nouveau procès. Ces experts sont unanimes, autant qu’un jury impartial et bien instruit en droit, pourraient déclarer de nouveau l’ex juge Jacques Delisle coupable de meurtre au premier degré. Toutes les instances judiciaires n’ont pas trouvé de motifs pour ses demandes d’appels. Les preuves demeurent irréfutables et le crime est monstrueux. La cour d’appel et la cour suprême du Canada avaient rejeté, à l’unanimité, ses motifs d’appel et ils ne voulaient tout simplement pas l’entendre. 

Le 07 avril 2021, au terme d’un acharnement inconcevable de la part de l’ex juge Jacques Delisle, qui voulait sortir de prison, le ministre fédéral de la justice, David Lametti ordonne selon l’article 696-1 du code criminel, la tenue d’un nouveau procès en raison d’une erreur judiciaire qui a entaché, selon lui, le premier verdict de culpabilité. Cependant, l’erreur annoncée n’a jamais été identifiée.

Âgé de 86 ans et après avoir été incarcéré pendant 9 ans, le juge François Huot, de la cour supérieure, ordonne la remise en liberté conditionnelle de l’ex juge Jacques Delisle. 

Ainsi, le 09 avril 2021, il quitte le centre de détention de la Macaza, dans les Laurentides, pour ne plus y revenir. Les 15 années qui lui restaient à purger tombent évidemment à l’eau.

Qu’il soit en liberté ou non, l’ex Juge Jacques Delisle reste celui qui a exécuté froidement son épouse pour s’emparer de sa fortune. Il est celui qui a aussi planifié de vivre des rêves fantasmatiques avec sa maitresse et ex secrétaire, Mme Johanne Plamondon, une fois la dépouille de l’épouse enterrée. 

Que ses enfants, Élène et Jean l’appuient ou non, que le ministre David Lametti lui ouvre une porte de sortie ou non, une autre justice se chargera de le punir adéquatement puisque celle des hommes demeure lamentable et infiniment corrompue. L’ex juge Jacques Delisle aurait dû terminer de purger sa peine au pénitencier pour payer sa dette à la société et racheter une rédemption plutôt que de partir dans une cavale amoureuse, soubresaut éphémère en terminus de vie. 

Hadj Zitouni, porte-parole de Mouvement Action Justice.

info@www.maj-quebec.com

Note : Nous tenons à remercier Me François Godin, procureur de la couronne qui a fait un excellent travail dans ce dossier et qui se prépare davantage à un second procès, même si ce dernier semble tout à fait exclu sous la lumière d’une feuille de route bien tracée. 

Nous remercions également l’équipe des policiers et des enquêteurs qui ont mené l’enquête avec la certitude, la conviction de vouloir rendre justice et le souhait de briser le pouvoir éphémère de ces juges hautement présomptueux.

Nous remercions de plus le public qui a rejeté majoritairement la thèse du suicide malgré les avis de certains chroniqueurs qui ont tenté de discréditer le meurtre.